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FNUJA | Fédération Nationale des Unions de Jeunes Avocats
Fédération Nationale des Unions de Jeunes Avocats

Discours d'Emilie CHANDLER, Nouvelle Présidente de la FNUJA

Mardi 7 Juin 2016

Discours prononcé à l'issue de l'Assemblée Générale du 73e Congrès de la FNUJA, à Nancy, le 7 mai 2016


Mes Chers Confrères, Mes Chers amis,

Chère FNUJA, toi la Fédération Nationale des Unions des Jeunes Avocats,

Monsieur le Garde des Sceaux et Monsieur le Ministre de l’Economie et des Finances, malgré votre absence à notre Congrès, je vous adresse ce discours pour vous dire haut et fort que les jeunes avocats sont là et demeureront votre interlocuteur inconditionnel sur chacun de vos projets.

J’ai l’immense privilège de prendre la parole en fin de de Congrès, après plusieurs jours de partage, de débats et de prises de positions pour vous soumettre ma candidature à la présidence de notre syndicat.

Avant toute chose, je remercie Matthieu DULUCQ de m’avoir associée à toutes ses décisions et d’avoir permis à la fédération de mener de front tous ses projets, dans une énergie toujours positive. Dans les moments difficiles, tu as toujours été présent et notre fédération a eu beaucoup de chance de t’avoir à sa tête durant cette année.

Je remercie également l’UJA de Paris pour son soutien et sa présence en nombre à ce Congrès.


Comme chaque année, les commissions ont passé des heures à travailler, sans relâche et avec enthousiasme, pour soumettre leurs rapports à notre assemblée générale.

De ces moments prospectifs, nous tirons notre doctrine, ligne de conduite politique qui porte la voix des jeunes avocats au sein des institutions de notre profession et auprès des pouvoirs publics ; cette ligne que vous avez élaborée et que je vous propose de suivre, ensemble, pour défendre l’accès au droit, l’accès à l’avocat et notre profession face aux attaques récurrentes des pouvoirs publics à son égard.


Je voudrais avant toute chose vous parler de notre engagement syndical, au service de la profession toute entière.

Nous venons d’horizons tous différents, issus des bancs de l’université, d’écoles de commerce, de Masters, de Magistères. Nous exerçons dans des conditions diverses. Pourtant, tous les ans, inlassablement, nous savons nous retrouver pour redéfinir ensemble le cap à suivre pour l’année à venir car comme l’a écrit Arthur RIMBAUD "Ce n'est qu'au prix d'une ardente patience que nous pourrons conquérir la cité splendide qui donnera la lumière, la justice et la dignité".

C’est justement forts de notre diversité et de nos valeurs mais aussi conscients des limites et des défis à relever que chaque année nous nous nous réunissons afin de faire bouger les lignes de notre profession et veiller à la place qui lui est accordée par nos institutions.

Ainsi, lorsque l’an dernier le Ministère de la Justice a tenté de taxer nos cabinets pour financer l’aide juridictionnelle, nous avons réussi à faire revaloriser nos acquis et sommes entrés en négociations… car nous ne cédons à aucune menace…

Et lorsque nos gouvernants opposent le secret de l’avocat à l’exigence de transparence, il nous est interdit de baisser la tête en dodelinant avec résignation et amertume quand c’est l’essence même de notre profession qui se trouve atteinte…


Alors aujourd’hui je m’engage devant vous, solennellement, à tenir droite la ligne politique que la FNUJA vient de définir à l’issue de son Congrès. Je mets à la disposition de notre fédération, tout mon temps et toute mon énergie, et je serai présente à chaque instant pour porter haut nos valeurs.

Je m’engage à n’écarter aucune des questions posées, aucune des difficultés rencontrées par chacune des UJA adhérentes et de ses membres. Je serai présente et disponible à chaque sollicitation des UJA.

Mais avant de vous faire part des grands objectifs que je vous propose de nous fixer ensemble, quelques mots sur ma vision de notre belle profession et de l’avocat en 2016.


Je voudrais vous dire que vous et moi, nous sommes du même bois. Même serment, même combat. J'ai juré d'exercer mes fonctions avec « dignité, conscience, indépendance, probité et humanité ». Ce serment qui nous lie et nous relie, n’est pas un simple regroupement de mots accolés les uns aux autres. Il est notre ADN et cette force qui coule dans nos veines car sans lui, nul avocat, et sans avocat, nul droit, plus d'équilibre sociétal ni garantie fondamentale, plus de liberté et plus de choix.

Voilà ce que je crois, ce qui nous anime, nous motive et nous donne le courage de poursuivre notre idéal d’une profession fière et, je n’ai pas peur de vous le dire, « combattante » et « conquérante ».


Lorsque par voie d’amendement, sous couvert de justice du XXIe siècle et de désengorgement des juridictions pour les litiges simples, nous apprenons que le notaire interviendrait pour « homologuer », de facto, les conventions de divorce par consentement mutuel, il nous faut être sur le front. C’est une défiance exprimée à l’égard de notre profession qui est totalement en mesure d’encadrer ces procédures de bout en bout et nous devons avoir la possibilité de rendre exécutoire l’acte d’avocat dans le cadre des conventions de divorce.

Au lieu de cela, nous sommes encore une fois écartés des discussions, et cela n’est pas tolérable.

Nous sommes auxiliaires de justice et nous devons nous battre pour faire respecter la place et le rôle de l’avocat comme nous savons le faire au quotidien pour nos clients. Car défendre les avocats, c’est toujours et d’abord défendre les justiciables.


Nous avons les capacités de mener de beaux combats car nous avons la chance d’être une fédération et les liens entre les différentes UJA doivent rester forts, sur tout le territoire.

Les difficultés des jeunes avocats sont les mêmes au sein des différents barreaux, la nécessité de développer sa clientèle personnelle dans un contexte hyperconcurrentiel est identique et la soif d’avancer et de se créer un bel avenir dépasse largement l’anxiété d’annoncer son départ à son patron et les premières factures impayées.


En ce 7 mai 2016, que signifie être jeune avocat, à l'heure de l'égalité des Droits et d'une législation européenne de plus en plus influente, dans un monde en pleine mutation ?

A l’heure du numérique et des changements profonds et durables de notre économie, notre profession est chahutée. Nous devons nous remettre en question perpétuellement. Le monde change et notre profession doit dépasser les clivages pour être prospective.


Le jeune avocat doit être sur tous les fronts : le numérique, le présentiel, la compétence au service du client dans le respect de la déontologie, et le développement des liens avec d’autres professions potentiellement prescriptrices.

Cet équilibre est parfois délicat à maintenir.

Mais ne nous laissons pas gangréner par l’immobilisme en pensant qu’après la pluie vient le beau temps. C’est ici et maintenant que les jeunes avocats prennent la profession et son avenir en main.

Il est temps de vous dire simplement, en reprenant humblement les mots de Winston CHURCHILL, que nous ne devons pas être pessimistes et voir la difficulté dans chaque opportunité, mais optimistes et voir une opportunité dans chaque difficulté.

De ces années passées à découvrir, puis comprendre et analyser les sujets qui nous animent, à vos côtés, je peux vous dire à quel point nous sommes forts.

Nous représentons les forces vives de la profession, le présent mais aussi et surtout l’avenir.


La doctrine : Lorsque je suis arrivée à la FNUJA, j’ai compris l’importance de notre doctrine. Et je crois, que parfois, nous manquons d’audace pour aller au-delà des simples petits pas.

La doctrine a vocation à s’adapter au monde de ceux qui la font, le monde que vivent les jeunes avocats ; elle n’a pas vocation à figer nos positions dans le marbre mais à refléter l’ambition et les aspirations des jeunes avocats.

A l’heure de l’avocat acteur de la Cité et présent dans l’ère du numérique, c’est bien à nous de trouver des solutions innovantes permettant le développement de clientèle. Si la doctrine est notre cadre d'action commun, elle ne doit pas toujours nous être dictée par le passé. Elle ne doit pas non plus se limiter à de simples positions dogmatiques mais doit être construite sur des démonstrations fortes et juridiquement fondées.


L’importance de chacun de nos adhérents et le rayonnement de notre fédération :

Nous puisons notre force et notre richesse de notre jeunesse. Nous sommes les maillons d’une chaine solide qui se compose de chacun d’entre nous, quel que soit son nombre d’années de barreau. Il nous est interdit de laisser l’un d’entre nous à l’écart et nous devons rester solidaires dans les combats que nous menons.

C’est comme cela que je vois l’année qui commence car " le succès n'est pas final, l'échec n'est pas fatal, c'est le courage de continuer qui compte".
 
De ma région natale, je garde le souvenir des grands espaces, de la nature et de ses lois. L’humain est finalement chanceux de tout cela. Et pour apprendre, il doit d’abord commencer par écouter et observer pour ensuite décider.

Dans notre monde en plein changement, si la plupart des avocats connaissent la FNUJA au sein de leurs barreaux, j’ai pu constater que rien n’était acquis et nous avons encore à travailler au rayonnement de notre syndicat.

Aussi, je vous propose d’œuvrer pour notre syndicat afin qu’il demeure pour longtemps le premier syndicat d’avocats et soit présent dans tous les débats concernant de près ou de loin, les jeunes, la profession en général, la justice et les justiciables.


Nous renforcerons également nos liens avec les jeunes avocats étrangers grâce à nos relations amicales et syndicales construites avec la Conférence du Jeune Barreau de Luxembourg mais aussi avec la Fédération Africaine des Associations et Unions de Jeunes Avocats, avec les jeunes Arméniens, et avec l’Association Tunisienne des Jeunes Avocats.

Nous ne nous opposerons jamais à des discussions avec les représentants d’autres professions qui souhaiteraient échanger avec nous ou se battre à nos côtés sur tous les sujets qui pourraient nous réunir.

Le rayonnement de notre fédération nécessite également de renforcer notre communication et notre action de lobbying pour renforcer notre influence auprès des institutions.


Nous sommes « Avocat ici, maintenant, mais aussi ailleurs et demain, sans peur » :

Je vais maintenant prononcer un mot interdit « ubérisation du droit ». Si cette nouvelle formulation a pu apparaître, c’est probablement car notre profession n’a pas su ou pas vu que le monde changeait plus vite que notre déontologie ne s’adaptait et que nos marchés bougeaient.

Les guerres intestines au sein même de notre profession ont eu l’effet d’une diversion qui a permis à de nouveaux acteurs de s'installer et de prendre place sur un marché du droit devenu ultra concurrentiel.

La nature a horreur du vide, et lorsque l’avocat est absent, d’autres, professions réglementées ou non, viennent occuper l’espace.

Il nous est encore possible de nous réaffirmer dans le monde économique d’aujourd’hui et d’y occuper la place qui nous revient, pour mieux développer et pérenniser nos activités.

N’ayons pas peur de ces grands mouvements de changement, mais saisissons plutôt les nouvelles opportunités qui se présentent à nos cabinets. Pour participer à cette mutation, je vous propose d’envisager la place du droit et le positionnement de notre profession.


Il ne s’agit pas d’adapter nos cabinets au numérique mais bel et bien de transformer notre manière de fonctionner et d’aller au-delà.

Nous ne sommes plus en période de crise mais plutôt de métamorphose.

Il nous appartient alors de repenser nos cabinets en profitant des plus grandes libertés et flexibilité offertes par les nouveaux outils technologiques en créant des liens forts avec d’autres professionnels, et à la condition que notre déontologie ne soit jamais dévoyée.

Si le droit n’existait pas, l’avocat n’aurait pas d’essence… Il faut du droit partout, et de l’avocat partout où il y a du droit.

L’avocat doit faire de la publicité, communiquer sur ses compétences et spécificités mais également sur la sécurité juridique qu’il apporte à son client car les jeunes avocats sont tous acteurs de droit.

Nos clients ont un accès à l’information en temps réel.

Trop souvent, le justiciable et l’entreprise se plaignent de notre manque de disponibilité, parfois du manque de rigueur, souvent de nos honoraires. Nous avons une part de responsabilité dans ces critiques qui doivent demeurer constructives.

Au-delà de nos difficultés, essayons de faire preuve de transparence dans notre pratique pour limiter conflits et mauvaise image car nous gagnons notre vie avec ce que nous recevons, mais nous lui donnons un sens avec ce que nous apportons.

L'avocat doit être présent sur les marchés juridiques et judiciaires. Il doit tisser des liens solides avec tous ses clients, qu’ils soient personnes physiques ou personnes morales.


Le jeune avocat doit acteur effectif au sein des institutions et organismes techniques de notre profession.

Lorsque Yannick SALA m’a proposé de représenter la FNUJA au sein du FIF-PL, cet organisme ne me parlait que très peu et mes prédécesseurs n’y avaient pas vu d’intérêt.

Pourtant, j’ai pu découvrir que si nous y siégeons, ce n’est pas vainement, et nous avons un vrai rôle à jouer à la fois en termes de représentation et de discussion.

En effet, si notre action syndicale et la défense des intérêts des jeunes avocats et de la profession doivent être portées au sein du Conseil national des barreaux, il n’en demeure pas moins qu’ils doivent également trouver un écho au sein de tous les organismes techniques de notre profession.

Nous allons cette année devoir répondre aux obligations relatives à la représentativité. Cette démarche est essentielle pour rappeler notre poids politique au sein des instances et la puissance de notre maillage territorial.
Voici donc en quelques mots, la vision synthétique que je me fais de notre profession et au sein de laquelle notre fédération a toute sa place en tant que premier syndicat d’avocats.
 
 
Il est maintenant temps pour moi de vous faire part des grandes directions que je voudrais prendre avec vous.


La place de l’avocat dans l’ère numérique :

Aucun d'entre nous n'exerce exactement de la même manière ni exactement avec les mêmes méthodes. Nous représentons à la fois les cabinets individuels et les structures économiques plus importantes, mais également les cabinets judiciaires, les cabinets traditionnels et de niche.
A plusieurs reprises cette année, les institutions et indicateurs de notre profession ont fait référence au guide de l’avocat numérique réalisé par la commission Nouvelles Technologies de notre fédération et nous n'avons pas à rougir de cette œuvre collective.

Au-delà des murs de nos cabinets, l'ère du numérique nous ouvre le champ des possibles.

C’est aux jeunes avocats de créer le cabinet de demain et d’investir cet espace infini.

Comme nous le rappelle le Règlement Intérieur National, la communication et les règles de la publicité nous permettent de conquérir de nouveaux marchés. Nous sommes passés de l’interdiction quasi-totale de communiquer sur internet d’autres informations qu’une simple présentation de nos cabinets à la possibilité de réaliser des sollicitations personnalisées.

Il nous faut maintenant aller plus loin…

Il m’apparait important aujourd’hui de travailler notamment sur cette obligation déontologique de rencontrer physiquement ses clients à l’heure où la technologie est en mesure de nous offrir des possibilités pour garantie l’identité de ceux-ci à distance.

Je crois également que l’avocat de 2016 doit saisir la possibilité de développer sa clientèle par l’intermédiaire de plateformes internet à l’unique condition que les règles de notre déontologie et les règles d’incompatibilité soient dûment respectées.

Il est inconcevable de ne pas saisir l’opportunité offerte par ces nouveaux marchés à l’heure où l’ensemble de la profession ne touche chaque année que trois millions de justiciables sur l’ensemble du territoire et où de nombreux litiges sont résolus sans avocat.

Notre déontologie doit protéger le justiciable mais ne doit pas nous étouffer.

De nombreuses portes sont encore à ouvrir, je vous propose de poursuivre avec audace nos travaux et en profite pour saluer la commission Nouvelles Technologies de notre fédération, sans laquelle, nous n’aurions pas tant de crédibilité auprès des pouvoirs publics en cette matière.


La formation des avocats :
 
La formation initiale et continue est garante de nos compétences aux yeux du public. C’est en dispensant et en bénéficiant d’une formation d’excellence que les avocats traiteront au mieux leurs dossiers, développeront leurs cabinets pour s’épanouir pendant leur vie active et partir à la retraite sereinement.

Aujourd’hui, notre syndicat apporte son concours à cette exigence en proposant à nos Confrères des formations de qualité couvrant l’ensemble des sujets de la profession et le territoire national.

J’ai pu constater au fil des années que votre mobilisation au sein des barreaux pour permettre aux avocats de respecter leur obligation déontologique en cette matière était très importante.

Cette année encore, nous sillonnerons les routes de France pour proposer la Caravane de l’Installation et de l’Association. Notre partenariat avec l’Association des Médiateurs Européens se poursuivra avec la caravane de la Médiation.
 
Enfin, nous mettrons en place un troisième module de formation couvrant sur une journée les thématiques récurrentes des premiers dossiers de nos confrères et animés par la FNUJA en partenariat avec vos UJA.
 
Au-delà de l’offre de formation fournie par la FNUJA, et à l’heure de l’examen unique, nos élèves avocats ne doivent plus se retrouver dans la précarité après leurs études universitaires longues et durant la fin de leur formation.
 
Nous devons œuvrer auprès de nos institutions et auprès des pouvoirs publics pour bénéficier d’un statut clair qui leur permettra de bénéficier d’une sécurité financière et sociale leur permettant ainsi de se concentrer sur les derniers mois de formation au sein des Ecoles d’avocats.
 
La formation des avocats ne se limite pas à la formation initiale. Nous devons combattre les idées reçues sur la formation dispensées aux impétrants.
 
Il me semble nécessaire de poursuivre notre formation, au-delà des bancs des écoles d’avocats car la formation continue doit nous permettre d'investir les nouveaux marchés. Il en va en effet de notre survie d'identifier et de développer nos points forts face à la prolifération des braconniers du droit.
 
Nous devons mettre en exergue nos atouts, communiquer sur nos compétences particulières et nous former davantage.

Au-delà de la formation, il s’agit surtout de transmission des connaissances et de l’expérience mais également de permettre aux clients de nous confier la défense de leurs intérêts en toute confiance.

Je suis persuadée que nous devons aujourd'hui nous saisir de la possibilité de bénéficier du certificat de spécialisation.

Il ne s’agit pas d’un examen de connaissances mais la confirmation d’une pratique régulière dans une spécialité pour laquelle vous bénéficiez d’une expertise précise.

Nous devons offrir à nos clients le meilleur de nos compétences et surtout pouvoir être reconnus comme spécialiste de telle ou telle matière auprès du public, en communiquant largement.

Il me semble important que les jeunes avocats se saisissent de cette opportunité et déposent en masse, dès cette année, des dossiers de demande de spécialisation auprès du Conseil National des Barreaux.
Enfin, en matière de formation, nous travaillerons à l’élaboration d’une liste simplifiée relatives aux spécialisations et aux activités dominantes pour permettre une meilleure lisibilité de nos compétences et davantage de transparence.


L’interprofessionnalité :

Lors de la séance solennelle d’ouverture de notre Congrès, un Président d’honneur de notre Fédération, Didier DALIN, a accepté de venir aborder avec nous des sujets prospectifs.

A l’heure où l’avocat demeure le premier conseil juridique du citoyen, nous devons être fiers de voir qu’un membre de notre fédération a sauté le pas de l’interprofessionnalité.

S’il est vrai que nous devons veiller à conserver nos acquis de marché, il n’en demeure pas moins qu’il est illusoire de croire que l’avocat peut développer sa clientèle seul, sans tisser de liens avec d’autres professions réglementées.

Je me réjouis des motions prospectives votées lors de nos travaux.
En 2016, nous devons nous concentrer sur le respect de notre déontologie tout en allant de l’avant pour construire des liens forts avec d’autres professionnels, au sein de nos cabinets.


Une rétribution de l’avocat intervenant au titre de l’aide juridictionnelle :

A l’heure de la proposition de directive du Parlement européen, du Conseil de l’Union européenne et de la Commission européenne concernant l'aide juridictionnelle provisoire pour les suspects et les personnes poursuivies privés de liberté, je ne vais pas vous apprendre que le système inadapté et à bout de souffle de l’aide juridictionnelle constitue une entrave aux droits de la défense des personnes qui ne disposent pas de ressources suffisantes.
 
Le justiciable doit pouvoir bénéficier de l’aide juridictionnelle en fonction de critères uniformes et l’avocat doit être rémunéré à la hauteur du travail fourni.
 
Depuis de nombreux mois, la Chancellerie tente, sans grand succès, de trouver des sources de financement nouvelles…
 
La FNUJA participera activement aux débats sur l'aide juridictionnelle, dans le prolongement de l'accord récent faisant suite aux négociations menées par le Conseil National des Barreaux, par le truchement de notre Président d’honneur Roland RODRIGUEZ.
 
Nous poursuivrons notre combat contre toute idée de structures conventionnées qui limiteraient le libre choix de l’avocat pour le justiciable et qui pénaliseraient sans surprise les jeunes avocats et surtout, qui créeraient une véritable rupture d’égalité entre le citoyen fortuné et celui dont les ressources financières insuffisantes le conditionnent au recours à l’aide juridictionnelle.
 
Enfin, dès le mois de juin, et sur la base du rapport produit par KPMG, la FNUJA débutera une réflexion sur les conséquences d’une corrélation de la rémunération de l’avocat intervenant au titre de l’aide juridictionnelle au temps qu’il a passé sur le dossier, en fonction des différents types de procédures.
 
Je ne doute pas que nos représentants au Conseil National des Barreaux sauront porter haut les positions et les propositions de notre syndicat.
 

L’avocat est le garant des libertés et nous avons en charge la défense de la population toute entière :

La FNUJA doit plancher sur les sujets de la profession mais également s'intéresser aux grands principes et garanties fondamentales assurant aux justiciables l’accès au droit et à la justice, et leur permettant de bénéficier dans les meilleures conditions des services d'un avocat.

Un état des lieux des difficultés relatives au droit de la défense des personnes détenues (ex : droits sociaux…) conduisant à une réflexion et à des propositions concrètes devrait également débuter avant l’été.


Le jeune avocat d’aujourd’hui doit également se mobiliser pour les acquis sociaux et les droits à la retraite de la profession :

La présence des jeunes avocats au sein de la Caisse nationale des barreaux français n'est pas une possibilité, elle est un impératif.

Notre profession est divisée par des problématiques de gouvernance que nous ne connaissons que trop.

Pourtant, lorsque je regarde les représentants au sein des différents organismes institutionnels et techniques de la profession, je ne retrouve pas les jeunes avocats à la hauteur de leur représentation sur le territoire alors que la moitié de la profession a moins de 40 ans.

Ce constat est ALARMANT.

A l’automne, nous aurons la possibilité de faire élire des représentants de nos rangs au sein de la Caisse Nationale des Barreaux Français car même si la règle des 15 ans vient d’être modifiée, certaines injustices persistent.
Dès lors, nous devons nous mettre en ordre de bataille. A l’issue de nos travaux, nous avons élaboré les lignes directrices de notre programme de campagne pour obtenir des sièges de délégués et je l’espère, d’administrateurs, au sein de la Caisse Nationale des Barreaux Français.

Nous demeurons attachés au régime de retraite par répartition et au principe de solidarité générationnelle mais nous souhaitons aujourd’hui que d’autres sources de financement soient recherchées, que les points de retraite gratuits se voient appliquer un taux de rendement inférieur aux points payants et que des investissements immobiliers, sources traditionnelles de financement des régimes de retraite, soient sérieusement étudiés pour assurer la pérennité du régime de retraite de notre profession.

Nous communiquerons sur le plan national et au sein de chaque barreau, au plus proche de nos confrères pour faire valoir nos convictions.

Depuis de nombreuses années, nous savons que nous ne pouvons avoir aucune certitude quant à la possibilité de bénéficier de pensions de retraite convenables, et correspondant aux cotisations versées durant nos années d'exercice.

Nous avons la possibilité d'agir de l'intérieur au sein de cette caisse alors agissons en conscience et en toute indépendance.


L’avocat, et la FNUJA, doivent être présents sur la scène internationale :

En janvier, la FNUJA s’est réunie en comité décentralisé à Bruxelles pour y être reçue par la Représentation permanente de la France auprès des institutions de l’Union Européenne.

Nous sommes soumis à la Directive Services et nous avons pu constater que l’avocat de 2016 ne peut plus ignorer le droit européen et que l’avenir de notre profession se joue pour une part essentielle au-delà de nos frontières.

A l’heure du libre établissement et de la libre circulation prévue par la législation européenne, nous devons faire preuve de suffisamment de témérité, ne pas craindre de nous ouvrir davantage au monde qui est le nôtre si nous souhaitons développer nos clientèles et nous assurer un avenir pérenne.


Le jeune avocat est acteur économique important, créateur de richesses et d’emploi :

Nous devons travailler à affirmer et occuper la première place sur le marché du droit.

Nous en avons les capacités, ne manquons pas de détermination et ne ménageons pas nos efforts pour en rester les leaders incontestés.
En ce sens, un partenariat devrait voir le jour avec une fondation œuvrant pour le rayonnement du droit.

Nous sommes à la fois entrepreneurs libéraux et soumis à une déontologie. C’est là que réside notre force. Nous sommes à la fois libres et responsables.

Nous savons être à la fois imaginatifs et rigoureux en garantissant à nos clients, la meilleure et la plus sécurisée des stratégies juridiques.

Respecter notre déontologie ne signifie pas devenir de bons petits soldats du droit. C’est avoir conscience à la fois de notre compétence et de la sécurité que représente la déontologie pour nos clients et notamment, le secret professionnel, garant de notre indépendance.

Battons-nous pour préserver les principes essentiels et faisons de cette dernière un outil de conquête pour les nouveaux marchés du droit et le développement de clientèle.


Notre lutte contre les discriminations et pour l’égalité :

Comme l’ensemble des autres secteurs d’activités et des autres professions libérales, notre profession n’échappe pas aux discriminations. Il s’agit des discriminations faites aux femmes.

Que celles d’entre nous qui n’ont jamais eu le sentiment d’être confrontées au plafond de verre dans leur progression professionnelle au sein des cabinets nous fassent part de leur expérience, trop rare.

Il s’agit également de discriminations parfois plus fourbes ou plus discrètes de la profession à l’égard de celui qui présente un handicap visible ou un peu plus caché, par pudeur…

C’est dans ce cadre que la FNUJA poursuivra les travaux entrepris avec le défenseur des droits pour réaffirmer son rôle de syndicat des jeunes avocats, à la pointe sur les sujets les plus difficiles, touchant à la fois l’humain, le juridique et le social, en essayant de privilégier un travail de terrain.


Les partenariats :

La FNUJA signera de nouveaux partenariats avec des associations nationales de défense des justiciables.

D’autres devraient également voir le jour pour permettre de bénéficier de prestations de communication et de documentation à prix privilégié.
Enfin, nous élaborerons un kit de l’installation du jeune avocat regroupant l’ensemble des offres découlant des partenariats actuels et à venir.


Votre engagement sera le mien. Je porterai les couleurs de notre fédération au-delà des frontières de notre profession, dans le prolongement de l’action de mes prédécesseurs pour que notre fédération demeure le premier syndicat d'avocats de France.

Merci à l'UJA de Nancy pour ce magnifique Congrès !

C’est également maintenant que je vais me soumettre à vos suffrages… et j’en suis très honorée….

J’avoue être émue par cette situation très particulière, dans cette ville si chère à mon cœur.

Je vous remercie tous pour votre bonne humeur et votre énergie et votre rigueur de travail…

Je sais l’effort financier et personnel que chacun fournit pour venir participer aux travaux de notre fédération….je tacherai d’être à la hauteur de vos espoirs.

Merci également à tous nos élus au Conseil National des Barreaux pour leur engagement de chaque instant dans la défense de nos valeurs.

Merci à tous les Présidents de commissions de la FNUJA sans lesquels nos travaux n’auraient pas été de si belle qualité, prospectifs et engagés, ni de gauche ni de droite mais toujours dans l’intérêt exclusif des justiciables, de la profession et des jeunes avocats.

Merci aux Présidents avec lesquels j’ai partagé des années de bureau incroyables et plus particulièrement Yannick SALA pour ses conseils avisés et Matthieu DULUCQ pour cette année extraordinaire à ses côtés.

Un grand merci à Olivier BURETH, président d’honneur, toujours disponible et dont les conseils sont précieux. Nos liens solides se sont construits au fil des années et des expériences, au travers de nos différents engagements personnels et professionnels.

Aurélie BERTHET, tu me fais rire quand j’ai du gris au fond des yeux, me rend plus forte quand je crois vaciller… Tu me rappelles le positif de chaque situation, merci d’être présente ce soir.

David GORDON KRIEF, je sais que ta présence aujourd’hui n’était absolument pas certaine… Ton amour pour notre profession est communicatif.

Janine, Marie Aimée, Elodie, Valentine, Stéphane, Eric, Jean-François, Alexandra … mais il faut aussi savoir s’arrêter car la liste serait longue…

Notre bureau cette année était particulièrement efficace, dévoué, travailleur mais aussi gourmand et fêtard…

Damien STALDER : tes remarques sur la profession sont empreintes de bon sens et toujours justes. Je te souhaite de trouver ta place dans le cabinet qui saura d’estimer à ta juste valeur et te souhaite une belle et longue vie syndicale au sein de notre Fédération.

Catheline MODAT : Tu es notre référente en droit social et ton analyse technique et pragmatique est une chance pour notre fédération. Je sais que nous pouvons compter sur toi pour l’année à venir.

Sandrine VARA : Malgré ton activité professionnelle intense, tu es toujours disponible pour notre fédération… Tu n’es pas compliquée au quotidien et tu t’adaptes à toutes les situations… Je voudrais simplement te dire que ta place au bureau l’an prochain n’est pas contestable.

Benjamin CAHN : Nous avons appris à nous connaître durant ces deux années et je sais que le lien qui nous unit est fort. Tu représentes les UJA de la couronne au sein de notre bureau et tu ne l’as jamais oublié.

Jean Baptiste BLANC : Tu mets de la bonne humeur au sein du bureau et fédère notre groupe sans même t’en rendre compte. Ton engagement est inconditionnel et ton esprit d’analyse et de synthèse est un atout.

Julie BARIANI : Nous nous connaissons depuis longtemps. Tu es d’une intelligence et d’une lucidité sans comparaison. Toujours le mot juste, toujours présente. Tu connais parfaitement les rapports de force de notre profession et ton analyse est toujours fondée. Je sais que de beaux projets t’attendent et je suis certaine que tu sauras les mener à terme.

Alexandra BOISRAME : Je n’ai aucun doute sur la force de notre tandem durant l’année à venir. Nous sommes complémentaires et c’est un véritable atout. Je sais que ton engagement syndical est sans faille et que je pourrai compter sur toi à chaque instant.

Enfin, je remercie Valérie VINCENTI, tu n'as d'égal que ta loyauté et ta justesse d'esprit lorsque les maux te touchent et que les mots ne te suffisent plus.

Tu ne pouvais pas me faire plus beau cadeau que de poser ta candidature pour l’organisation de notre prochain Congrès, qui, je n’ai absolument aucun doute, sera à la hauteur de tes convictions pour notre profession.

Enfin, une acclamation à vous, à vous tous, les jeunes avocats présents ici et ce soir, et à tous ceux qui s’investiront durant l’année à venir pour l’intérêt de notre syndicat et de notre profession…car suivant les mots de RIMBAUD "il faut être absolument moderne" et "votre ardeur est le devoir".