Discours de fin de présidence de Yannick SALA

Mardi 14 Mai 2013

Photo © Jean-René Tancrède - Téléphone : 01.42.60.36.35
Monsieur l'adjoint au Maire de Marseille,
Monsieur le Président du Conseil National des Barreaux,
Monsieur le 1er Vice Président de la Conférence des Bâtonniers,
Monsieur le Bâtonnier de Marseille,
Mesdames et Messieurs les Bâtonniers,
Mesdames et Messieurs les Hauts Magistrats,
Mesdames et Messieurs les Présidents,
Mes Chers Confrères,
Mes Très Chers Amis,

Un an déjà !

Un an déjà et j'ai pourtant l'impression que c'était hier.

Hier ces moments que nous partagions à Lille, les projections que nous faisions: les actions à réaliser, les réflexions à poursuivre ou initier, les combats à mener.

Cette quête d'idéal pour notre Fédération, pour les jeunes avocats, pour la Profession toute entière avec cette inaltérable volonté d'agir au quotidien tout en pensant à demain.

Ainsi, de façon permanente, nous avons mené des actions, fait du lobbying, réagi aux propositions et projets qui nous ont été soumis, participé aux groupes de travail dans lesquels nous étions invités ; tout en sachant, à l'heure de l’immédiateté, nous mettre hors du temps pour mener des réflexions fondamentales à plus long terme dans l’intérêt commun.

C'est de ce chemin parcouru ensemble dont je souhaiterais vous parler.

Un an déjà que Madame Christiane Taubira a été désignée Garde des Sceaux, Ministre de la Justice.

Le temps de la campagne passé, restait à savoir si les engagements pris seraient respectés, les assurances données dument observées.

Ainsi, plusieurs mesures emblématiques immédiates étaient attendues et la première d'entre elles : l'abrogation de ce qui a été appelé par abus de langage le « Décret Passerelle », soit l'article 97-1 nouvellement créé du Décret du 27 novembre 1991 permettant aux personnes justifiant de huit ans au moins d'exercice de responsabilités publiques les faisant directement participer à l'élaboration de la loi d'être dispensées de la formation théorique et pratique et du certificat d'aptitude à la profession d'avocat, pour intégrer la profession d'avocat.

Par son effet, notre profession devenait ni plus ni moins que le repli à bon compte des déçus du suffrage universel.

Cette atteinte devait donc cesser sans délai et le texte du décret requis avait été proposé sans trop de difficulté: « l’article 97-1 est abrogé ».

Restait une petite signature à apposer au terme de cet acte réglementaire.

Cette signature se fera attendre pendant près d'une année et non sans heurts.

Alors même qu'initialement il était assuré une abrogation pure et simple, le discours a changé ; lors de l'assemblée générale extraordinaire du Conseil National des Barreaux, le 5 octobre 2012, Madame le Garde des Sceaux annonçait finalement une modification des termes de l'article 97-1 et le déplacement de ses dispositions sous l'article 98 du Décret du 27 novembre 1991, engendrant seulement l'obligation complémentaire de satisfaire à un examen de contrôle des connaissances en déontologie et réglementation professionnelle.

Ce projet de modification fut ensuite soumis à l'assemblée générale du Conseil National des Barreaux, laquelle a rejeté cette proposition, à raison de la mobilisation sans faille des élus de la FNUJA.

Parallèlement, les premières demandes de parlementaires pour bénéficier des dispositions de cet article 97-1 sont intervenues et certains ont été admis à prêter serment.

Que dire des décisions non conformes rendues par certains Conseils de l'Ordre et qui ont dû être chacune combattue localement et nationalement.

A cet égard, je veux notamment saluer la ténacité de l'UJA de Chartres qui, à force de mobilisation, a permis qu'une décision favorable non conforme -l'élu ayant formé sa demande d'accès dérogatoire n'étant pas titulaire d'une maitrise en droit ou diplôme équivalent- soit déférée à la Cour d'appel de Versailles laquelle a infirmé à juste titre la délibération prise par le Conseil de l'Ordre concerné.

Ce n'est finalement que par décret du 15 avril dernier que l'abrogation s'est effectivement tenue.

Si nous ne pouvions que nous féliciter de l'aboutissement de cette légitime revendication -qui ne laisse pas oublier la nécessité d'une réforme des modes d'accès dérogatoires à notre profession-, le plaisir ne fut que de courte durée.

Ces dernières semaines, les avocats ont été l'objet de nombreuses attaques et les entraves à leur exercice se sont multipliées.

Il n'était plus permis que les parlementaires ou membres de gouvernement puissent devenir avocat par le quasi fait du Prince. Les avocats, en raison de leur seule profession, se verraient interdire concomitamment l'exercice d'un mandat de député argument pris notamment de la prévention du conflit d'intérêts.

En effet, répondant à la remise en question de la probité des élus par l'élaboration d'une politique de moralisation de la vie publique, il a pu être assisté au plus haut sommet de l'Etat à la mise en cause insupportable, et en parfaite méconnaissance de notre déontologie comme des textes en vigueur, des avocats sous différentes incriminations: "avocats d'affaires" puis "avocat-conseil".

Outre qu'une telle interdiction de principe serait parfaitement discriminatoire et dommageable pour la démocratie, de telles mises en cause sont malheureusement révélatrices de la place réservée par les pouvoirs publics aux avocats dans la société actuelle.

Qu'il soit dit que l'avocat, professionnel du droit, est riche d'une déontologie particulièrement stricte, se voit d'ores et déjà imposer des restrictions à son activité lorsqu'il devient parlementaire, et qu'il ne saurait être le bouc émissaire d'une classe politique en mal manifeste de repères.

Il convient donc que cessent ces mises en causes infondées, que cessent également les atteintes à son exercice.

Ainsi, on ne peut permettre l'exclusion des avocats de l'avant projet de loi "consommation", présenté en Conseil des Ministres le 2 mai dernier, portant création des actions de groupe dont l’exercice est sciemment confié aux seules associations de consommateurs agréés.

Si la FNUJA s'est prononcée en faveur de l'action de groupe, elle considère que les conditions indispensables permettant l'efficience d'une telle action ne sont pas réunies dans le projet soumis.

Tout d'abord, cette procédure ne doit pas être limitée au seul droit de la consommation et à la réparation unique des préjudices matériels, mais au contraire, elle doit être applicable à tous litiges et permettre de réparer intégralement les
préjudices subis.

Ensuite, il peut être déploré que le justiciable soit privé du libre choix de son représentant ; représentant qui, s'agissant d'une procédure requérant déontologie, compétences juridiques et moyens logistiques, ne saurait être qu'un avocat, lequel est le représentant naturel des justiciables devant les juridictions.

Par ailleurs, il ne saurait être ignoré les graves atteintes au périmètre d'intervention de l'avocat au bénéfice des experts-comptables, que comportent les articles 12 et 13 du projet de loi relatif à la sécurisation de l'emploi, adopté -après réunion d'une commission mixte paritaire- par l'Assemblée nationale le 24 avril 2013 et soumis au Sénat le 14 mai.

Ces textes permettraient aux experts-comptables d'assister les organisations syndicales dans la négociation des accords portant sur le maintien de l'emploi et sur les mesures du plan de sauvegarde de l'emploi.

Il est donc étendu le champ d'intervention des experts-comptables en une matière purement juridique.

Mieux encore, cet expert-comptable, conseil des organisations syndicales pour la négociation, sera rémunéré par l'entreprise.

Autant dire que si le choix d'un avocat, professionnel du droit, pour mener de telles négociations était toujours possible, le seul fait qu'il représente un coût non à la charge de l'entreprise mais à la charge du comité d'entreprise ou des organisations syndicales, laisse peu de doute sur la sélection qui sera opérée.

De fait, nous assistons à la création de missions juridiques réservées aux seuls experts-comptables sans que soit accordé aux personnes qu'ils sont censés accompagner le bénéfice des compétences comme de la déontologie de l'avocat.

Nous ne saurions l'accepter.

A cet égard, même si elles n'ont pu malheureusement prospérer, je veux ici saluer les actions entreprises par l'UJA de Paris en extrême limite aux fins d'amender ces dispositions.

En ces temps troublés pour notre profession laquelle subit la défiance des pouvoirs publics, nous devons entrer en résistance.

Nous devons faire valoir nos positions par un lobbying assidu, promouvoir nos qualités et compétences professionnelles, mettre en exergue notre déontologie, particulièrement notre indépendance et notre secret professionnel.

Inlassablement, nous devons agir:
- pour défendre l'indépendance de l'avocat qui n'est pas une récompense, mais une responsabilité ;
- pour protéger notre secret professionnel qui n'est en rien un privilège de l'avocat, mais bien une obligation qui lui incombe.

Ainsi, nous lutterons encore et toujours contre les textes et législations susceptibles de les remettre en cause, au cas particulier les directives européennes relatives au blanchiment.

Madame le Garde des Sceaux, nous espérons ardemment votre concours afin de garantir la préservation de notre secret comme l'indépendance de l'avocat.
Au-delà, par des actions concertées, la profession doit réussir, enfin, à faire entendre sa voix et que soit acté définitivement :
- que non, les avocats ne sont pas de sombres voyous ;
- que oui, lorsqu'il y a une mission juridique, il doit y avoir un avocat ; il a ainsi vocation à intervenir partout où il y a du droit!

Mes Chers Confrères, véritablement, organisons la résistance.

*

Vous pensez être au bout de vos peines après l'évocation de ces récentes attaques à l'encontre de notre profession, détrompez-vous !

Quelques instants rappelons-nous la promesse faite de supprimer en 2013 puis en 2014 la contribution de 35 euros pour l'aide juridique.

Cette contribution qui, en rendant payant l’accès au juge et à la justice, constitue une indéniable entrave au droit d'y accéder pour tous les justiciables.

Appuyant cette volonté marqué du Garde des Sceaux, lors de l'installation du comité de pilotage pour l'évaluation de la gestion de l'aide juridictionnelle dans le cadre de la modernisation de l'action publique au sein duquel la FNUJA a un représentant, il était indiqué le souhait de cette suppression et la recherche d'un financement pour la compenser.

Lors des réunions de ce comité, nous avons proposé la mise en place de financements alternatifs notamment par l'établissement d'une taxe sur les actes juridiques soumis à enregistrement, dépôt ou publicité quelle que soit la qualité de leur auteur.

Or, à raison de la réticence du Ministère de l'économie et des finances pour l'instaurer, il semble que d'autres réflexions se tiennent à la chancellerie en dehors des travaux de ce comité et qu'il soit imaginé la création d'une taxe sur le chiffre d’affaires des professionnels du droit de l’ordre de 0,2 % afin de financer la suppression de la contribution pour l'aide juridique.

Ainsi, il est proposé de taxer certains opérateurs plutôt que les actes. Cette proposition est tout simplement inacceptable.

S'il ne fait aucun doute que la suppression de cette contribution demeure essentielle et que nous persisterons à la solliciter, nous ne saurions accepter une quelconque taxation du chiffre d'affaires de nos cabinets.

Là encore, forts de propositions concrètes de financements, nous devons entrer en résistance.

Au-delà de la suppression de la contribution pour l'aide juridique, se pose la question du délai de mise en œuvre d'une véritable et profonde réforme du système d'aide juridictionnelle dont Monsieur le Sénateur Roland du Luart le disait, à juste titre, à bout de souffle.

Les travaux du comité de pilotage pour l'évaluation de la gestion de l'aide juridictionnelle dans le cadre de la modernisation de l'action publique, laissent à penser que des aménagements vont se tenir mais que la réforme globale tant promise par les pouvoirs publics et espérée par la Profession ne se tiendra pas à brève échéance ce qui est particulièrement regrettable au regard des propositions réalistes que la FNUJA a formulées pour la réaliser.

Néanmoins, il convient de rester particulièrement vigilant depuis que l'assemblée générale du Conseil National des Barreaux, sur rapport de Madame le Bâtonnier Myriam Picot, Président de la Commission Accès au Droit, a voté le 23 mars dernier, la mise en place d'expériences pilotes de structures conventionnées par des barreaux volontaires.

Ces structures conventionnées se définissant aux termes de ce rapport « comme étant des avocats ou groupes de cabinets d'avocats assurant des prestations de défense ou de conseil en direction des bénéficiaires de l'aide juridictionnelle dans des secteurs d'activité délaissés par les avocats dans le cadre de leur exercice libéral ».

Outre que cette définition semble choquante à plusieurs égards, il convient de souligner que les élus de la FNUJA se sont fermement opposés à toute possibilité de création ou d'expérimentation de ces structures.

Il ne saurait être ignoré les dangers inhérents à un tel dispositif notamment en termes de subordination, de statut des avocats intervenants, de dépendance économique et de perspectives de carrière. De plus, il y a lieu de s'interroger sur le recrutement, ses critères et ses modalités comme sur le risque d’une rupture de concurrence. Autant de questions sans réponses !

Comment ne pas voir en réalité que la mise en place de telles structures engendrerait la création d'un barreau à deux vitesses et, disons le clairement, entrainerait la fonctionnarisation d’une partie de notre profession.

Ce n'est pas la conception que se font de leur profession les jeunes avocats, ils s'y opposeront donc avec la plus grande fermeté.


*

D'autres promesses n'ont pas été suivies d'effet après la désignation de Madame Christiane Taubira en qualité de Garde des Sceaux, Ministre de la Justice.

La réforme de la garde à vue reste incomplète, les peines plancher et la rétention de sureté n'ont toujours pas été supprimées et rien ne laisse poindre une réforme globale et cohérente de la justice pénale, alors qu'elle est indispensable.

Pour autant, il ne saurait non plus être affirmé que rien n'a été fait.

Ainsi, le rapport particulièrement intéressant de Messieurs Raimbourg et Huyghe sur les moyens de lutte contre la surpopulation carcérale ainsi que celui établi à l'issue de la conférence de consensus sur la prévention de la récidive.

Lors de l'élaboration du premier, ce fut l'occasion pour la FNUJA de produire une contribution remarquée à l'Assemblée nationale et je tiens à en remercier Vincent Penard, Président de la Commission Justice Pénale et Droits Fondamentaux.

Nous resterons attentifs aux suites données et ne manquerons pas de rappeler vivement au Garde des Sceaux les engagements pris en la matière.

Madame le Garde des Sceaux, vous aurez compris l'interpellation des jeunes avocats sur l'ensemble de ces sujets, fruits de grandes préoccupations !

Vous aurez également compris que les jeunes avocats ont des propositions concrètes aux fins de procéder aux réformes ou aux modifications textuelles qui s'imposent.

Madame le Garde des Sceaux, vous devez compter avec les jeunes avocats !

*

Monsieur le Président du Conseil National des Barreaux, vous nous faites l'honneur et surtout l'amitié de votre présence.

Toutefois, je n'ai pas l'intention d'éluder les sujets qui fâchent.

L'avenir de notre profession et sa défense efficace passe par une réforme de notre institution représentative.

A cet égard, permettez-moi quelques instants d'évoquer un temps fort de l'année écoulée, la candidature à la présidence du Conseil National des Barreaux.

Le 8 décembre 2012, le Comité national de la FNUJA décidait de présenter une candidature à la présidence du CNB -le mandat se renouvelant chaque année en janvier-: une candidature pour l'institution, une candidature pour la profession.

L'évidence de cette candidature est apparue dès les premiers mois de mandature avec le constat amer d'un dysfonctionnement de notre institution ; dysfonctionnement ayant des conséquences graves, tant dans les rapports de la profession avec les pouvoirs publics, que pour l'avancée de travaux essentiels pour l'avenir de la profession.

Comment alors ne pas militer pour un changement radical, avec conscience et détermination, mû par la volonté d'une
institution représentative de la profession forte, jouant pleinement son rôle au bénéfice des avocats ?

Il ne s'agissait pas de faire une quelconque révolution néfaste aux intérêts de ceux que nous représentons, en contradiction avec nos idées et nos valeurs, mais bien, par l'action, d'être porteur d'un changement salutaire et d'avenir pour la profession.

Pleinement dans son rôle donc, la FNUJA prenait ses responsabilités, ne se résolvant pas à cette situation et n'entendant pas laisser faire sans agir, solution de facilité que d'autres choisissaient alors.

A voir l'intérêt suscité par cette candidature auprès des membres du Conseil National des Barreaux, l'impérieuse nécessité d'un changement était entendue.

Toutefois, notre candidature à la présidence du CNB, ne pouvait l'être au prix d'un affaiblissement de l'institution au bénéfice de Vice-présidents de droit, ravis de saisir une telle opportunité pour tenter de vider d'une partie de sa substance le Conseil National des Barreaux.

Or, si nous devions interroger sur la prééminence du Président du CNB, sur sa légitimité et le cadre de sa fonction, puis proposer l'évolution de notre institution représentative comme de sa présidence, il n'était évidemment pas question de remettre en cause la pertinence de son originalité mêlant tout à la fois les expériences ordinales et syndicales et assurant une représentativité tant des territoires que des sensibilités diverses de notre Profession.

A la défiance affichée par Madame le Bâtonnier de Paris à l'égard du CNB, nous répondions simplement, le discours de candidature se transformait en tribune, une tribune d'unité face à une position quasi sécessionniste.

Car l’avenir radieux que mérite notre Profession passe par le respect de chacun, comme des diversités, commande l'unité et la cohésion de l'institution représentative de la profession, permettant ainsi aux avocats, tous les avocats, d'être entendus, respectés, soutenus et défendus.

C'est l'application de nos valeurs, le sens de nos actions et la force de nos combats.

Forts de leurs différentes propositions, les jeunes avocats vous donnent donc rendez-vous lors de la prochaine assemblée du Conseil National des Barreaux, les 24 et 25 mai, afin de débattre, voter et donc réformer la gouvernance de notre profession conformément à l'ordre du jour que vous nous avez indiqué.

*

70ème Congrès de la FNUJA à Marseille avec une ambition à la hauteur des jeunes avocats : la profession en lettres capitales.

Nous poursuivrons les travaux initiés dans l'année et procéderons à l'élaboration de notre doctrine lors de l'assemblée générale du 11 mai 2013.

Ainsi, nous échangerons intensément sur les thèmes de réflexion suivant :
- la condition pénitentiaire / la réforme de la procédure pénale ;
- l'accès au droit / l'accès au juge et à la justice ;
- la gouvernance de la profession d'avocat ;
- l'égalité professionnelle ;
- l'accès à la profession d'avocat ;
- la formation initiale des avocats ;
- la collaboration.

Sur ce dernier sujet, il est impératif que nous sensibilisions encore et toujours les Confrères sur le fait qu’ils peuvent négocier les stipulations de leur contrat de collaboration, rappelant que ce qui est fixé par le Règlement Intérieur National ne constitue qu’un minimum.

C’est le sens de notre choix d'élaborer un contrat de collaboration « militant » qui sera très largement diffusé postérieurement au Congrès.

De plus, obtenons notamment :
- une meilleure protection des collaboratrices enceintes comme en retour de congé maternité ; A cet égard, le Barreau de Paris a récemment montré la voie.
- une protection pour tout collaborateur souhaitant bénéficier de son congé paternité afin de permettre sa véritable effectivité ;
- la modification de l'article 14.5 du RIN afin que la tentative de conciliation prévue entre les parties soit enserrée dans un délai maximum, celui-ci assurant véritablement le traitement à bref délai du litige soumis par le collaborateur ;
- la création d'un droit de saisine des conseils régionaux de discipline ou du conseil de l'Ordre de Paris de tout manquement avéré au respect des droits des collaborateurs, par les syndicats d'avocats, en accord avec les collaborateurs concernés.

Au-delà de la collaboration, nous nous intéresserons à la carrière du jeune avocat en ayant pleine conscience que le temps où le jeune avocat avait un parcours linéaire (collaborateur puis installé ou associé) et restait avocat sa vie professionnelle durant n’est pas révolu mais il concerne de moins en moins de Confrères.

A l’heure de la mobilité professionnelle et de l’internationalisation, le jeune avocat quitte la profession puis y revient pour la quitter de nouveau…

Il peut aussi être collaborateur de très longue durée avant de se voir proposer une préassociation puis, s’il a ce bonheur, être enfin associé.

Ces situations spécifiques peuvent générer des difficultés qui, en l’état, ne reçoivent qu’un traitement au cas par cas.

S’intéresser à la carrière du jeune avocat, ce que sera son parcours ; c’est là encore, envisager demain et les évolutions sur lesquelles notre profession devra s’interroger.

Durant notre congrès, les jeunes avocats envisageront résolument notre Profession de manière prospective et écriront son avenir en Lettres Capitales.

*

La FNUJA agit évidemment en France mais aussi au-delà des Frontières.

Je veux vous dire combien je suis heureux que nous recevions lors de ce congrès différentes délégations étrangères notamment membres de la Fédération Africaine des Associations et Unions de Jeunes Avocats laquelle organise son prochain congrès à Abidjan.

Cette Fédération sœur pourra compter sur nous à cette occasion comme à chaque instant.

Définitivement, notre action rayonne à travers le monde ; nous ne pouvons que nous en féliciter.

Toutefois, soyons conscients que cela nous impose une grande responsabilité.

*

La présidence de la FNUJA est une aventure exceptionnelle, une aventure avant tout collective !

Cette chance d'être entouré de personnes aux merveilleuses qualités, aux talents exceptionnels et qui s'investissent sans compter au service de la FNUJA avec pour seule ambition de participer à la création d’une œuvre collective dans l'intérêt des jeunes avocats et plus généralement de la profession.


 Nos Présidents et membres d'honneur dont je peux témoigner de l'éternelle jeunesse, qui ont su m'apporter soutien et conseils judicieux.
Si je n'en distinguerai pas certains plutôt que d'autres, ils ont tous toujours répondu présent, je ne peux m'empêcher de saluer affectueusement nos trois jeunes dauphins: Anne CADIOT-FEIDT à Bordeaux, Lionel ESCOFFIER à Draguignan et Jean-François BRUN à Strasbourg à qui je veux décerner une mention spéciale.

 Nos élus au Conseil National des Barreaux avec lesquels je partage les bancs de l'assemblée ; ils accomplissent un travail considérable et y sont la voix fidèle des jeunes avocats.

 Nos dynamiques Présidents de Commission qui ont, tout au long de l'année, produit rapports et motions débattus lors de nos comités nationaux ; et qui sont à pied d'œuvre pour notre Congrès.

Il y a aussi et surtout les UJA et leurs représentants -vous tous- !
Quel bonheur de voir des UJA rassemblées aux compétences affirmées, des UJA motivées, des UJA volontaires durant mes 12 mois de présidence.
Vous êtes les forces vives de notre Fédération, vous y avez chacune votre place et les valeurs qui nous soudent font du simple groupe de travail et de réflexion que nous pourrions être, un collectif solidaire s’engageant intensément.

Vous le savez, votre participation et vos apports aux travaux sont essentiels.
Car c'est ensemble que nous progressons, c’est uni que nous faisons triompher nos idées et valeurs.

De façon très exceptionnelle, je me dois néanmoins d'en distinguer certaines:
- L'UJA de BASTIA et l'UJA de RENNES qui nous ont accueilli lors de Comité décentralisé que je ne suis pas prêt d'oublier ;
- Mon UJA, l’UJA de Paris que j’ai eu l’honneur de présider et dont le soutien indéfectible m'a sincèrement touché ;
- et l'UJA de Marseille et son Président, jeune avocat et aussi jeune papa de l'année, Baptiste BUFFE.
J'ai envie de vous raconter une anecdote. Lors de nos échanges nombreux et quasi quotidiens de ces dernières semaines, avec Baptiste nous avons décidé de ne plus nous demander en début de conversation "comment ça va ?", perte de temps pour l'organisation du congrès et comment pourrions-nous aller mal avec un aussi magnifique congrès qui s'annonçait?
Merci Baptiste de ces moments que nous avons pu partager ensemble en le préparant.
Merci à l'UJA de Marseille de cette somptueuse organisation tant je sais les efforts fournis et la tache titanesque à accomplir.
Merci d'offrir ce si bel écrin à notre Fédération afin qu'elle puisse briller encore et toujours.

Avant d'évoquer, les membres du bureau de la FNUJA, je ne veux pas oublier ceux qui, en réalité, partagent bien plus que ma vie professionnelle, mes amis, Vincent MERRIEN et Olivier MOREAU qui regrettent de n'être parmi nous. Merci de votre fidélité et de vos encouragements.
Pour mener à bien tous nos projets et actions, j’ai eu le privilège d’avoir à mes cotés une formidable équipe sans qui cette année n'aurait pas été ce qu'elle a été.
Les amis, je vous en remercie profondément.
Vous savez déjà que ce moment est terrible pour moi, soutenez moi encore un peu…comme vous l’avez si bien fait dans l’année !!!


Marie DUTAT, celle que j'appelle affectueusement ma co-chérie pour avoir partagé la responsabilité de la Commission Accès au Droit de notre Fédération pendant plusieurs années.
Ses compétences et son investissement sont à la hauteur de sa qualité d'âme, immenses!!!

Emilie CHANDLER, tu as pu découvrir non seulement les joies du bureau mais également la représentation de la FNUJA dans les organismes techniques. Tu y as pris toute ta place et je crois que tu t'y sens bien alors il faut persévérer.

Cédric BUFFO, tu as toujours œuvré dans l'intérêt de notre Fédération et permis que les liens se resserrent avec les UJA de la couronne ce dont je tiens à te remercier tant leur présence est essentielle. Lors des grands évènements tu es toujours présent et j'ai toujours pu compter sur ton implication. Merci infiniment.

Aminata NIAKATE, la discrète Aminata qui sans faire de bruit, à son rythme a permis de nombreuses communications internes et externes pour notre Fédération. Sa discrétion ne l'empêche pas d'être une redoutable avocate et un farouche défenseur des intérêts des jeunes avocats.

Charles TROLLIET-MALINCONI, mon trésorier à l'accent chantant et au langage parfois fleuri. Tu as su mettre ta bonne humeur et ta joie au service de notre bureau tout en faisant progresser ses travaux par tes réflexions pertinentes.(...). Je sais les raisons de ton départ du bureau l'an prochain et te souhaite le plus grand de tous les bonheurs.

Matthieu DULUCQ, avec toi ça swingue certes musicalement mais aussi syndicalement. Tes raisonnements et réflexions enrichissent grandement notre Fédération, y ajouter tes nombreuses qualités me fait dire que notre Fédé gagnerait à te confier dans un avenir proche de plus grandes responsabilités. Saches que je l'espère ardemment.

Anne-Lise LEBRETON, nous avons tant partagé depuis notre rencontre à l'association des élèves avocats. Avec ton aide discrète et ton amitié -ces dernières années- chaque Président de la FNUJA a pu être bien meilleur et plus efficace au bénéfice des jeunes avocats et cette jeune génération te doit énormément. Je suis heureux de savoir que tu envisages plus encore que la Vice-présidence ; que de belles perspectives pour notre famille syndicale.

Roland RODRIGUEZ, nous nous connaissons bien et nous avons toujours beaucoup échangé sur les grands sujets de la Profession, sur les orientations que devait prendre notre Fédération. Nous partageons le sens de l'engagement. Tes connaissances, tes compétences et tes qualités humaines sont essentielles à notre Fédération. Te transmettre le témoin est un bonheur car je sais que notre Fédé sera entre de bonnes mains. Permets-moi simplement d'avoir une amicale pensée pour la personne qui partage ta vie dont je sais le soutien indéfectible qu'elle t'apporte.

*

Avant de conclure, permettez-moi d'avoir quelques mots très spéciaux pour celles et ceux sans qui je sais que je ne me tiendrais pas devant vous, à cette tribune, avec la conviction que rien n'est plus important que les valeurs que nous portons et les combats que nous menons dans l'intérêt commun des jeunes avocats et partant de la profession tout entière.

Je veux avec vous penser :
- à celui que je considérais comme mon grand-père maternel et qui nous a quittés à l’ouverture du Congrès de Nîmes ;
- à ma grand-mère paternelle qui m’a donné le gout et fait comprendre, par l’exemple, l’utilité mais surtout l’évidence de l’investissement associatif et syndical;
- à ma grand-mère maternelle qui m'a dit combien elle regrettait de ne pouvoir être parmi nous, m'encourageant -de sa Bretagne natale- comme à son habitude avec des mots qui sont chers à mon cœur.

Je veux remarquer la présence discrète de mes parents ; je sais, sans qu'il soit besoin qu'ils me le disent, leur soutien de chaque instant. Il m'est essentiel ; celui qui me fait tenir dans les moments de doute, de remise en question ; celui qui m'a toujours donné l'envie d'aller encore plus loin!

A ma sœur, Nathalie, je veux dire combien c'est moi qui suis fier d'elle.

Enfin, à la fée qui illumine ma vie, quelques vers:
« Belle à nulle autre pareille, et qui plus est enchanteresse, et qui plus est éternelle ! À qui d'autre peut mieux rêver le rêveur de rêves qui n'a que le rêve pour aimer et être aimé au-dessus de ses moyens ? Qui d'autre pour lui entrouvrir l'or des aventures, des serments d'immortalité, accomplir ses espérances d'enfance lorsqu'il se voulait chevalier, chasseur de dragon, amant pour toujours d'une fée belle à nulle autre pareille ? »

*

A cet instant précis où je suis venu te dire que je m'en vais, je ne saurais décrire l'émotion qui est la mienne, ni dire les différents sentiments qui m'envahissent.

Je me souviens des jours heureux, de ses 10 années -presque un tiers de ma vie- :
- à agir collectivement dans l'intérêt des jeunes avocats ;
- à porter avec conviction nos projets, nos idées, nos valeurs et nos combats.

Mais non, je ne pleure pas à l'issue de cette ultime année que j'ai vécue avec intensité et passion !

Parce que déjà, ma FNUJA, je te vois poursuivre ton élévation.

Toi, ma FNUJA, force de proposition, moteur de la Profession !




Yannick Sala