In Mémoriam Joseph NDIAYE

Boubacar Joseph NDIAYE, conservateur de la Maison des esclaves de Gorée, île au large de Dakar, dont il a largement contribué à la sauvegarde, est décédé vendredi 6 février 2009, à Dakar.



Boubacar Joseph Ndiaye est né, au Sénégal, le 15 octobre 1922 à Rufisque, à une trentaine de kilomètres de Dakar. Il a fait ses études primaires à Gorée, puis les a poursuivies à l’Ecole professionnelle Pinet-Laprade de Dakar. Il a débuté dans la vie active en travaillant comme compositeur-typographe. Ancien tirailleur, il a participé à la Seconde Guerre mondiale et à la guerre d'Indochine.

A la fin de sa carrière militaire, il s'était lancé dans le commerce avant d'abandonner cette activité pour se consacrer à la Maison des esclaves dont il assumait depuis plus de 40 ans les fonctions de conservateur de la Maison des esclaves de Gorée, en narrant pour les visiteurs les grandes lignes de la traite négrière dont il avait décidé de "parler toute sa vie".

Parmi ces nombreux visiteurs de marque, figurent plusieurs chefs d'Etat comme le Sud-Africain Nelson Mandela, l'Américain Bill Clinton, l'Ivoirien Félix Houphouët Boigny.

La FEDERATION NATIONALE DES JEUNES AVOCATS l’avait reçu à Nantes, sous la présidence de Xavier-Jean KEITA.

A cette occasion, la fédération s’était illustrée, en 2000, par l’adoption d’une motion sur l’esclavage crime contre l’humanité. Xavier-Jean KEITA rappelle que l’UJA de la Guadeloupe était présente en nombre et nous avons veillé à l’accouchement de cette motion avec le soin sévère des gardiens du temple, notamment en rejetant l’assimilation de ce crime spécial à l’esclavage moderne. Nous soutenions - n’est-ce pas Patrick ADELAIDE, (ancien président de l’UJA de Guadeloupe), Elisabeth CALONNE, membre fondateur de l’UJA de la Guadeloupe, Georges Emmanuel GERMANY, alors au Barreau de Grenoble, aujourd’hui revenu au Barreau de FORT DE France)? - que la traite était un système, une organisation qui ne pouvait trouver son pendant dans la volonté contra legem mais bien individuelle d’asservir un individu dans nos sociétés modernes.

Au final, pour la fédération, l’élaboration de cette motion fut un grand moment de fraternité.
Cette motion est arrivée à Gorée, puis à Dakar.

Boubacar Joseph Ndiaye que nous avions fini par appeler Tonton, puisque nous étions les frères de Xavier-Jean, avait fait mettre sur les murs de la Maison des Esclaves de Gorée la motion que nous avions votée en 2000, avant qu'il ne la remette au Ministre de la Culture du Sénégal.

M. Hamady Bocoum, directeur du patrimoine culturel au ministère sénégalais de la Culture.Bocoum a salué en lui « l'artisan principal de la défense de la mémoire de la traite atlantique, l'homme le plus fervent et le plus constant contre tout révisionnisme » sur la traite des esclaves. Et il est vrai que Joseph Ndiaye a accumulé les hommages de son pays natal : Officier de l’Ordre national du Lion, Chevalier de l’Ordre national du Mérite, et des distinctions à travers le monde : Croix de Guerre, « Docteur honoris causa » de l’université de Paris VIII en 2006.

Pour ma part, j’aurai, à jamais, le souvenir d’un homme timide mais passionné, qui traversait les pièces comme en s’excusant d’y passer mais dont la lumière éclairera bien après son dernier souffle.

Ceux qui étaient là ont été irradiés par sa chaleur toute simple, cette humanité surgie de la haine.

Tous sont tristes. Très tristes.

Mais à côté d'une vraie peine, je sais que cet homme là est plus grand que son temps de vie. Merci à Xavier-Jean KEITA de nous avoir permis d'être éclairé par la portée de son faisceau lumineux.


Jan-Marc FERLY
Ancien Président de l'UJA de GUADELOUPE
Ancien délégué national de la FNUJA
Avocat au Barreau de Guadeloupe
Vendredi 13 Février 2009
Massimo BUCALOSSI

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