Me Alexandra Boisramé préside la fédération des jeunes avocats. Interview La Provence

Mardi 19 Septembre 2017


À la faculté de droit, Alexandra Boisramé savait déjà qu'elle deviendrait avocat. Celle qui a grandi dans les Hautes-Alpes (elle est née à Gap et est montée sur des skis avant même, peut-être, de savoir marcher) étudiera le droit à la fac d'Aix, avant d'intégrer l'Institut du droit des affaires. Et de prêter serment en 2006 à Aix.
 

Un métier prenant (elle est devenue avocat "généraliste", a repris à Aix le cabinet d'un avoué et s'est aussi mise à la procédure d'appel), mais Me Boisramé est aussi devenue en juin présidente de la Fédération nationale des Unions de jeunes avocats, après avoir siégé pendant quatre ans au sein du bureau de cette fédération.
 

Pourquoi avez-vous souhaité occuper cette présidence ?

Me Alexandra Boisramé : J'ai toujours revendiqué mon engagement dans l'action syndicale. En 2011, j'ai été élue à la Carpa, la Caisse autonome des règlements pécuniaires des avocats ; puis en 2012, à la tête de l'Union des jeunes avocats d'Aix. L'an dernier, j'avais été élue première vice-présidente de la fédération. Tout cela répond bien moins à une ambition personnelle, qu'à un cheminement naturel avec une réelle envie de m'investir. C'est aussi l'aboutissement d'un parcours syndical et associatif que j'ai débuté, aussitôt que j'ai prêté serment en 2006. Et puis c'était le bon moment pour moi, de m'investir pour ma profession, pour ce métier et ceux et celles qui l'exercent.
 

Quelles sont les priorités de votre mandat ?

Me Alexandra Boisramé : En plus de leur métier, les avocats doivent aujourd'hui se comporter comme des chefs d'entreprise. Les jeunes avocats doivent avoir un état d'esprit entreprenarial. Notre métier est soumis à de fortes évolutions, il est essentiel de s'adapter pour rester compétitif et continuer à faire de notre métier une force.
 

En somme, vous prônez de préparer l'avocat de demain.

Me Alexandra Boisramé : C'est exactement ça. Le e-cabinet, l'avocat 2.0, tout ça doit devenir une réalité. Aux jeunes avocats, je veux parler gestion d'un cabinet, nouvelles technologies, site internet, business plan, entreprenariat... Vous savez, je n'exerce plus le métier d'avocat comme je l'exerçais quand j'ai prêté serment voilà dix ans. Et dans dix ans, je ne l'exercerai plus de la même façon non plus. Nous avons des outils pour exercer avec modernité et nous adapter à ces évolutions, il faut les utiliser.
 

Dans le cadre de la campagne pour les élections au Conseil national des barreaux, nombre de sujets seront débattus. On sait que le bien-être au travail vous tient à coeur...

Me Alexandra Boisramé : Être bien dans son travail, depuis le collaborateur jusqu'à l'avocat associé, c'est un impératif. Ce ne doit pas être un tabou, de parler de ça. Le pilotage de carrière, c'est essentiel. Essentielle, aussi, l'image de l'avocat.
 

On entend dire que le métier d'avocat se paupérise, est-ce une réalité ? Comment aider plus particulièrement les jeunes?

Me Alexandra Boisramé : L'avocat est le trait d'union entre la justice et le justiciable, il est là pour aider, c'est essentiel que cette réalité soit entendue. Parce que non, tous les avocats ne roulent pas sur l'or, et cela peut même être difficile pour certains. Au-delà de l'image, il y a une réalité économique.
 

Quels autres points souhaiterez-vous mettre en avant ?

Me Alexandra Boisramé : Nous allons être attentifs à beaucoup de choses. La situation carcérale, la réforme de la justice, l'avocat en entreprise... Notre métier nous place au coeur de plusieurs sujets et nous les aborderons à la fois avec professionnalisme, et avec les principes qui me sont chers : modernité, adaptabilité et une vraie volonté de positiver. Nous avons des positions à défendre et une force de travail tout à la fois. Je serai là pour aider à les défendre.
 

La FNUJA a été créée en 1947. Cette fédération regroupe les Unions des jeunes avocats (UJA), implantées dans toute la France. Les UJA assurent pour leur part le lien entre les avocats des différents barreaux de France et la fédération.


http://www.laprovence.com/article/faits-divers-justice/4624899/aix-les-avocats-de-demain-devront-savoir-sadapter.html


Aminata Niakate