Un peu de tact, Madame la Ministre !

Vendredi 20 Juin 2008

A peine dix jours après l’annonce de la fusion des professions d’avocats et d’avoués, ces derniers multiplient les mouvements de grève en retirant notamment du rôle les affaires venant pour clôture ou pour plaider.


Les deux motifs annoncés pour justifier cette grève sont d’une part, l’absence totale de concertation sur la mesure annoncée par la Chancellerie le 10 juin dernier, et d’autre part, l’incertitude existant sur les modalités d’indemnisation.

Sur ces deux points, nous ne pouvons que comprendre les préoccupations des avoués. Il n’y a pas si longtemps, concernant la réforme de la carte judiciaire, nous avons nous-mêmes été victimes de la méthode Dati, au pas de charge, sans concertation.

S’agissant des modalités d’indemnisation, nous avons déjà écrit qu’il fallait que la profession d’avocat s’assure de ce que les avoués seraient correctement indemnisés, notamment les jeunes qui pour beaucoup sont encore en train de payer leur charge. Leur arrivée dans la profession, même si nous la souhaitons, ne doit pas être l’occasion de développer les rancœurs et ne doit pas revêtir de connotation dramatique pour eux.

Ce que vivent les avoués aujourd’hui n’est que le verso d’une même pièce, celle de la tourmente actuelle de la Justice et du manque de considération qu’a pour elle notre Gouvernement. Car même si cette fusion était souhaitée par les avocats en général et la FNUJA en particulier, les modalités de son annonce et de la prise de décision, apparemment sans concertation avec les premiers concernés sont inacceptables !

Que ce soit sur le projet avorté d’amendement visant à permettre au Gouvernement de décider la fusion avec les CPI par voie d’ordonnance, les différents projets visant à mettre en place une action de groupe (class action) réservée aux seules associations de consommateurs agréées, le projet de déjudiciarisation d’un certain nombre de contentieux, le refus par le Gouvernement et le Parlement de conférer aux juridictions françaises une compétence universelle concernant les crimes de guerre et les crimes contre l'Humanité, le projet de réforme de la représentativité syndicale ou encore, la rétention de sûreté, la parole des avocats continue de se heurter à la surdité de ceux qui croyant faire de la « Real Politik » font simplement partie de cette catégorie dangereuse d’individus pour lesquels la fin justifie les moyens…

Fédération Nationale des Unions de Jeunes Avocats