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COMMISSION DROIT PÉNAL ET LIBERTÉS - MOTION DENONCANT LA SUPPRESSION OU LA RESTRICTION DES ACTIVITES PROPOSEES EN MILIEU CARCERAL



MOTION DENONCANT LA SUPPRESSION OU LA RESTRICTION DES ACTIVITES PROPOSEES EN MILIEU CARCERAL
 
 
La FNUJA, réunie en comité à Paris, le 6 septembre 2025,
 
VU :
  • la motion de la FNUJA « Conditions carcérales » adoptée au congrès de Marseille de 2013,
  • la motion de la FNUJA « Statut social des détenus » adoptée au congrès de Bastia de 2017,
  • la motion de la FNUJA « La place de l’avocat et le respect du contradictoire en matière pénale » adoptée au congrès de Strasbourg de 2022,
  • la motion de la FNUJA « Régulation carcérale » adoptée au congrès de Guadeloupe de 2023,
 
CONNAISSANCE PRISE de l’instruction du Ministre de la Justice, garde des Sceaux, du 19 février 2025, supprimant les « activités ludiques ou provocantes » ; ainsi que de ses différentes déclarations tendant à restreindre les activités au sein du milieu carcéral et de la volonté annoncée de durcir le quotidien des personnes détenues notamment en supprimant certains équipements ;
 
REGRETTE que les orientations pénales actuelles contribuent à renforcer les inégalités sociales et le désœuvrement carcéral, au lieu de les corriger ;
 
RAPPELLE QUE :
  • l’arrêt du Conseil d’État du 19 mai 2025 n° 502367 annule la décision du Ministre de la Justice, garde des Sceaux en ce qu’elle excédait ses pouvoirs et portait atteinte aux droits fondamentaux des détenus lorsqu’il a décidé de supprimer « les activités ludiques » en milieu carcéral ;
  • l’article 130-1 du code pénal dispose que la peine « a pour fonction de favoriser l’amendement de l’auteur, son insertion ou sa réinsertion », érigeant la réinsertion comme finalité légale de la peine au même titre que la sanction ;
  • l’État a l’obligation légale et constitutionnelle d’assurer la dignité et la réinsertion des personnes incarcérées ;
  • les activités présentes en détention sont organisées par l’administration pénitentiaire – soit l’État –, validées par des équipes pluridisciplinaires dans un cadre légal et réglementaire strict, avant d’être ensuite proposées aux personnes détenues ;
 
AFFIRME que les activités proposées en détention – y compris de nature ludique, artistique ou socio-esthétique – participent à la reconstruction personnelle des détenus, à la pacification des établissements pénitentiaires et à la réduction du risque de récidive indispensable pour la société dans son ensemble ;
 
S’OPPOSE FERMEMENT à l’effacement de la dimension éducative, sociale et humaine du parcours de détention au profit d’une vision exclusivement punitive de la peine ;
 
DEPLORE que la politique pénale actuelle contribue à délégitimer le travail, notamment des professionnels pénitentiaires, en remettant en cause leurs choix, leurs compétences et leur éthique ;
 
S’INSURGE de l’instrumentalisation médiatique de situations spécifiques, sans fondement juridique sérieux, à des fins de communication populiste ;
 
En conséquence :
 
EXIGE :
  • le maintien et le développement d’un programme équilibré d’activités en détention, incluant des activités culturelles, sportives, éducatives, artistiques et de bien-être, ainsi qu’une reconnaissance institutionnelle du rôle social fondamental que jouent les activités proposées en détention pour l’ensemble de la société ;
  • que toute restriction d’accès aux activités soit motivée individuellement et non décidée par principe sur des bases idéologiques ;
  • que les professionnels du terrain (chefs d’établissements, SPIP, intervenants extérieurs) puissent exercer leur mission sans interférence politique, de surcroit contraire au droit ;
  • une revalorisation des moyens humains et financiers alloués à l’organisation des activités pénitentiaires ;
 
APPELLE les pouvoirs publics à revoir urgemment la politique pénitentiaire actuellement menée et à réintégrer de manière effective la notion de « réinsertion » dans ses orientations, de surcroît dans un contexte de surpopulation carcérale dont la régulation n’a jamais été atteinte ;
 
INVITE les juridictions administratives à rester particulièrement vigilantes et à continuer de sanctionner les abus d’autorité portant atteinte aux droits fondamentaux des détenus. 
 
 
Samedi 6 Septembre 2025
Florian MICHEL